De Rojava à Hambourg : combattons le G-20.

À nos compagnons, ami-e-s et camarades ,

Pour emprunter quelque mots aux Zapatistes :

« Nous avons appris que d’en haut ne nous vient que l’exploitation, le vol, l’oppression et le mépris. C’est à dire que d’en haut ne nous vient que la douleur. »

Les 7 et 8 juillet prochains, les représentants de ce monde de douleur, de ce monde qui tue pour le profit et le pouvoir, se réuniront à Hambourg.

Le monde qu’ils veulent perpétrer est contre-utopique.

C’est un monde d’avions F-16 et de combats de drones, un monde d’oppression patriarcale, d’espionnage et d’exploitation brutale.

Leur monde du capital, de l’Etat-nation et du patriarcat est embourbé dans une crise sans fin : crise économique et politique, mais crise aussi de leur légitimité idéologique.

Aujourd’hui, de moins en moins de personnes croient que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles.

Notre lutte pour un monde meilleur nous a conduits jusqu’aux territoires libérés du Moyen Orient.

La révolution au Rojava incarne aujourd’hui l’esprit de la résistance contre leur monde malveillant.

La révolution en cours actuellement au Kurdistan est notre Révolution et fait partie de notre lutte.

Notre lutte pour ce qui devient possible signifie d’accepter un riche héritage :

les femmes de la Commune de Paris de 1871 et les milices de travailleurs du soulèvement d’Hambourg en 1923 – c’est nous.

Les camarades de la révolution d’Octobre et de la guerre d’Espagne – c’est nous.

Les travailleurs en grève en Inde et la guérilla des montagnes du Kurdistan – c’est nous.

Nous sommes les anarchistes grecs.

Nous sommes les sorcières et les paysans rebelles des débuts de l’ère moderne

et les pauvres des consejos communales du Vénézuela.

Nous sommes des squatteurs comme nous sommes les chauffeurs de Foodora et Deliveroo en grève.

Nous, qui travaillons au Rojava comme internationalistes,

nous faisons partie du combat international des opprimés contre le règne de l’Etat, du capital et du patriarcat tout comme vous aujourd’hui, à Hambourg.

Ici, dans le nord de la Syrie, nous avons la place pour prouver dans les faits

que nous pouvons nous organiser et, avec nos propres forces, construire un monde meilleur.

Nous prenons part à differents aspects de la révolution :

Nous voyons l’éducation et le travail dans les communes, les coopératives et les quartiers ;

Nous discutons et nous apprenons, nous construisons des maisons et nous plantons des arbres ;

Nous prenons part à l’auto-défense de la révolution contre les assassins qui cherchent à l’étouffer.

Le sommet du G20 est celui des ennemis de ce projet révolutionnaire.

Les acteurs du monde capitaliste et de l’oppression réunis à Hambourg incarnent tout ce que nous combattons :

de Trump à Erdogan,

de Merkel aux Saoudiens,

de Putin à Macron.

C’est pourquoi nous sommes très heureux des flammes de résistance que vous voulez allumer dans les rues de Hambourg et dans les coeurs de ceux qui veulent briser leurs chaînes.

La lumière de ces flammes brille jusqu’aux cantons libérés.

Notre résistance a besoin d’horizons à long terme.

Ceci implique que nous devenions des militant-e-s,

que nous laissions notre force grandir et que nous apprenions la vérité à propos de la lutte révolutionnaire.

Cela signifie aussi que nous dépassions la culture de la domination

et les traces qui ont été laissées en nous par le patriarcat, le mode de vie capitaliste,

et l’idéologie de l’Etat-nation.

Le Rojava est une bonne école.

Ici nous n’apprenons pas seulement à prendre part activement à un mouvement et à une société toute entière.

Nous apprenons aussi l’art de renforcer notre unité,

et à être différents sans tomber dans le relativisme idéologique.

En 1976, des camarades emprisonnés du mouvement du 2 juin ont écrit :

« Ce qui compte pour nous aujourd’hui – si nous ne voulons pas creuser notre propre tombe – c’est de dépasser notre fragmentation et de voir l’horizon commun au-delà de nos petits groupes. »

Ils poursuivent : « Pendant que dans ce pays la gauche est occupée par des querelles dans ses propres rangs, la droite se rassemble pour nous attaquer. »

La mobilisation contre le sommet du G20 à Hambourg et la commune internationaliste du Rojava font toutes deux parties d’une même lutte pour dépasser cette fragmentation.

La crise du système hégémonique produit des monstres.

Le chaos qu’elle génère ouvre des possibilités de réorganisation des conditions actuelles dans lesquelles nous vivons.

La forme que prendra cette réorganisation dépend de quelle force sera capable de s’organiser le mieux.

Nous, qui cherchons une issue en tant que révolutionnaires,

ou ceux qui donnent à la crise une réponse réactionnaire, raciste et chauvine ?

Si nous voulons la victoire, nous devons admettre que notre lutte aujourd’hui est une lutte pour tout ou rien.

Aujourd’hui nous faisons face à une lutte globale qui se terminera soit par la libération, soit par l’oppression totale et qui a atteint les niveaux d’une troisième guerre mondiale.

Nous ne pouvons pas nous en extraire et attendre ou espérer que d’autres entreprennent ce que nous sommes trop paresseux ou peureux pour faire.

Il est temps de faire preuve de courage et de prendre des décisions, de se coordonner et de s’organiser.

Il est temps d’agir.

Nous vous envoyons notre courage et notre force de volonté,

nous envoyons notre haine à ceux qui veulent créer un monde obscur et vide d’espoir.

Nous vous envoyons tout notre amour, vous qui combattez avec nous et allumez les flammes de la résistance,

à Hambourg et au Rojava.

Scroll to Top